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FREEDOM WILL NEVER DIE.
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FREEDOM WILL NEVER DIE.
16 avril 2008

"Hors du monde"

salonphoto3

Cette sensation la poursuivait partout, jusque dans ces soirées intimes où elle n'était pourtant entourée que d'amis de longue date. Ils avaient déjà vécu nombre de choses ensemble et malgré tout, elle se sentait souvent étrangère à eux, étrangère au monde. Justement la sensation était encore beaucoup plus prononcée du fait qu'ils était "proches". Il y avait dans ces petites fêtes une seconde fatidique qui la sortait de la bulle dans laquelle ils s'étaient si confortablement installés - et dès lors, c'était la fin. Elle les regardait rire, discuter, s'amuser... mais en retrait, car tout à coup, ces rires, ces discussions et ces amusements l'excluaient étrangement, sans qu'elle comprenne pourquoi. Les autres ne prêtaient pas vraiment attention à elle, ne semblaient pas noter qu'elle s'égarait, qu'elle devenait présence absente - peut-être parce qu'elle n'était jamais complètement présente... Ce phénomène d'exclusion l'attristait et en même temps, elle avait l'impression de s'en moquer, comme si elle devenait soudain étrangère à ses propres émotions...

Cette sensation, elle commençait à la connaître. Depuis quelques mois, c'était pareil pour tout - les livres, les concerts, les cours, les repas de famille etc. - dès qu'elle se rendait compte qu'elle était consciente d'être en train de faire la chose en question. Cette prise de conscience était ce qui précisément l'expulsait du lieu et de l'ambiance où elle était. Si par malheur il y avait donc ce déclic fatidique, c'était fini, elle n'était plus "dedans". Un peu comme un ressort, elle se sentait faire un saut et rejoindre un autre monde, extérieur. Cela lui rappelait les cours de français, ces histoires de point de vue narratif, omniscient, externe ou interne. Elle devenait le narrateur externe, telle une caméra de surveillance, dépourvue de pensées et de sentiments, qui balaie seulement la scène de son objectif (voilà ce que les professeurs leur donnaient comme image pour saisir l'idée). Elle aimait moyennement l'idée de n'être qu'une petite caméra d'angle, tout en haut au coin, et pourtant cette solitude lui plaisait.

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Commentaires
J
j'ai hâte de prendre le temps de te revoir, de te parler, ta voix posée, ton humour, les projets de chacun.<br /> <br /> <br /> <3
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